« It’s a big club, and you ain’t in it. »
George Carlin était et reste un des plus grands stand-up comedian américains. Il est roi dans le royaumes punchlines engagées.
Cette phrase conclut un passage clé dans un de ses sketches les plus connus, intitulé The American Dream, diffusé dans le HBO spécial « Life Is Worth Losing » (2005-2006). George Carlin ne se contente pas de faire des blagues superficielles, il attaque le fond, de front : il livre une critique cinglante du système politique et économique des États-Unis — ce qu’il appelle le club, c’est-à-dire l’élite dirigeante, les puissants intérêts économiques, les grandes institutions, les médias, les « vrais propriétaires ». Il interpelle son public — les « white collar, blue collar, good honest hard-working people » — pour lui dire que ce système ne l’inclut pas.
Il cherche dans la deuxieme partie de sa carrière à réveiller des consciences : la punchline cherche à réveiller le spectateur, à le rendre conscient que le « jeu est truqué » (the game is rigged), que les règles sont faites pour servir ceux qui sont déjà en haut, et qu’il faut repenser le consentement, le confort, l’acceptation passive.
Ce qu’il souligne pour le spectateur / citoyen est que le simple fait de voter ou d’« être représenté » n’est pas suffisant — le système reste dominé par ceux qui détiennent les ressources, l’argent, l’influence.
Il propose de dépasser l’indignation, la critique, la conscience individuelle ou collective qui sont des premières étapes, qui doivent être accompagnées d’un regard critique sur les structures — pas seulement sur les figures visibles (politiciens, corporations), mais sur l’organisation profonde du système.
L’adhésion passive (croire au « rêve américain », accepter des promesses, consommer ce qu’on vous dit de consommer) est pour Carlin une forme de sommeil — et qu’être « réveillé » signifie refuser d’être membre du club, refuser d’être manipulé.
20 après, la punchline résonne encore et je dirais même plus que jamais.
Voici un passage clingant qui de conclut par une autre punchline qui désacralise le rêve américain « It is called the American Dream because you’ve got to be asleep to believe it ».

